Une jeune fille à la dérive
Un film de Kirio Urayama
Hikô Shôjo - Japon - n&b scope - 1963 - 1h54
Sortie en salles : 22 juillet 2009
BONUS :
- Interview de Stéphane du Mesnildot par Sylvain Perret
- Bandes annonces
Japon - 1963 - fiction - noir et blanc
Durée du film : 1h54
Format image : 16/9 compatible 4/3 - 2.35
Format son : dolby stéréo
Film en version originale japonaise avec ou sans sous-titres français
Vivant dans un petit village côtier, Wakae, une jeune fille de quinze ans, travaille dans un bar comme hôtesse. Sa mère est morte et son père, alcoolique et pauvre, vit avec une nouvelle femme. Alors qu’elle vient de voler une paire de chaussures elle rencontre Saburo qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps et qui tente de l’aider. Mais les circonstances les sépareront.
Avec Masako Izumi et Mitsuo Hamada.
La presse
La nouvelle vague japonaise cachait donc une perle, qu’on découvre enfin en France. Urayama enregistre la naissance d’une grande actrice. Et c’est magnifique.
Télérama
C’est d’abord, en Cinémascope et en noir et blanc, un beau, précis et attachant portrait de femme. Un film où l’émotion n’exclut jamais une forme de rage politique et sociale.
Le Monde
Formidablement filmée, cette œuvre entre deux (modernité et classicisme) est sans doute ce que le cinéma japonais a produit de plus proche de Truffaut, lequel considérait avec pertinence Urayama comme son cousin nippon.
Les Inrockuptibles
Urayama construit un film sauvage qui impressionne. Mélange de stylisation visuelle et de néoréalisme pur, ce film pourrait être le chaînon manquant entre Oshima et Imamura. Une rareté à redécouvrir…
Première
Un joyau oublié de la Nouvelle Vague nippone. Un film magnifique sur une jeunesse perdue dans un Japon déboussolé.
Studio Ciné Live
Conte cruel et moderne. Le drame est soutenu par une observation sociopolitique de tout premier ordre, au travers de l’histoire de cette jeune fille. L’oeuvre touche à l’universalisme et ce qui en fait un film précieux à voir dans la chaleur de juillet.
Brazil
Un grand mélo lyrique et bouleversant sur l’envers très dur de la société nippone, filmé dans de superbes clairs-obscurs.
Le Canard Enchaîné
Un bel objet hybride qui consacre aux conventions du drame tout en flirtant avec la modernité de la nouvelle vague japonaise.
L’Humanité
Une vraie découverte. Une jeune fille à la dérive vient confirmer que Kirio Urayama était un grand cinéaste.
Les Echos
Dans un réalisme déroutant, le cinéaste tient le spectateur sous tension permanente, octroyant à la jeune actrice Masako Izumi un rôle exceptionnel.
La sortie d’Une jeune fille à la dérive remet à sa place un réalisateur méconnu
Evene
Une rareté japonaise signée d’un auteur écorché vif. Une jeune fille à la dérive est une ode aux mal partis dans la vie, à ceux qui furent déchirés entre le cataclysme de 1945 et le déni des années 1960.
Arte
Le réalisateur nippon filme en Scope un conte cruel de la jeunesse sur les laissés-pour-compte.
Excessif/DVDrama
Un mélo sauvage et intemporel mené par un réalisateur intransigeant et des acteurs comme exorcisés. Une pépite rare à ne pas manquer.
Culturopoing
Le film d’une grande beauté formelle surprend par sa narration inventive et riche dans l’utilisation de l’ellipse. Vif et habilement écrit, jamais misérabiliste, Une jeune fille à la dérive est une petite rareté à découvrir de toute urgence.
Dissidenz
Un bijou du cinéma japonais à découvrir.
Eurasie.net
Une jeune fille à la dérive a tout de l’heureuse découverte cinématographique. Et fait terriblement écho à notre société actuelle.
Tadah ! Blog
Kirio Urayama
Réalisateur japonais né à Hyôgo en 1930, et mort en 1985. Après une enfance malheureuse et des études de littérature française, il entre à la Nikkatsu en 1954 où il est assistant, avec Shohei Imamura, de Yuzo Kawashima. Il tourne son premier film en 1962, “La Ville des coupoles”(Kyupora no aru machi), sélectionné en compétition à Cannes et qui obtient un grand succès critique. Son deuxième film, “Une jeune fille à la dérive” (Hikô shôjo), remporte la médaille d’or au festival de Moscou 1963, mais Urayama entre en conflit avec la Nikkatsu et redevient assistant. En 1968, il parvient à réaliser “La Femme que j’ai abandonnée” (Watashi ga suteta onna) que la Nikkatsu,qui juge le film trop peu “commercial”, refuse de sortir. Urayama quitte alors la compagnie et ne tournera de nouveau qu’en 1975, avec l’adaptation d’un best-seller: “La Porte de la jeunesse”, dont il réalisera la suite deux ans plus tard. (Max Tessier, dictionnaire Larousse du cinéma). C’est à lui que la Nikkatsu commande le film des 70 ans de la compagnie, en 1983, le mélodrame “La Chambre obscure” (“Anshitsu”).
Kiriro Urayama est considéré comme un des cinéastes oubliés de la Nouvelle Vague.
Il a fait partie de la même “bande” que Oshima, Yoshida, Imamura, Shinoda et son scénariste est Yoshio Ishido, le scénariste des films de Yoshida. Pour les cinéphiles japonais, il est considéré comme le “cinéaste des pauvres”, grâce au dyptique “La Ville des Coupoles” et “Une jeune fille à la dérive”, mais aussi son gros succès “La
Porte de la jeunesse”, en ce sens où il s’est attaché à filmer les exclus, les défavorisés, la fange, à une époque où on filmait plutôt la jeunesse excitée (politiquement, sexuellement).
Entretien avec François Truffaut
Entretien réalisé au Festival du film français à Tôkyô en 1963
(dans Le Chemin des herbes d’été – Le roman de la vie de Kirio Urayama)
Urayama : M. Truffaut, je tenais à vous remercier aujourd’hui d’avoir vu et soutenu La Ville des coupolesà Cannes.
Truffaut : C’est vraiment dommage que votre film n’ait reçu aucun prix. Moi je l’ai beaucoup apprécié.
Urayama : (rires) Je vous remercie. Mais si le film n’a pas été primé, c’est qu’il y avait des raisons à cela.
Truffaut :La raison, c’est que jury et public sont bien trop paresseux. Tout le monde s’affaire aux réceptions et en revient très fatigués. C’est pour ça que les films courageux passent inaperçus. Prenez par exemple un film comme L’Ile nuede Kaneto Shindô. C’est un film qui n’a pas été apprécié à sa juste valeur, dont on n’a pas assez parlé. Les films qui, comme La Ville des coupoles, abordent de nombreux sujets avec justesse et talent et qui, en plus, le font avec une touche réaliste vraiment singulière, sont des films peu valorisés dans les festivals internationaux.
Urayama :Est-ce que le fait de voir ces films sous-titrés en français fait obstacle à leur compréhension ?
Truffaut :Non, pas du tout. Je n’ai toujours pas vu votre dernier film Une jeune fille à la dérive, mais j’ai trouvé vraiment très intéressant le précédent : La Ville des coupoles. Le film aborde de nombreuses questions. L’adolescence d’une jeune fille, et bien d’autres lignes thématiques encore, toutes développées de façon originale. N’ayant vu le film qu’une seule fois, je n’ai pas pu saisir les réalités qui y sont décrites dans toute leur complexité. Mais ce qui m’a vraiment touché, c’est qu’on y ressent à l’œuvre une sensibilité à fleur de peau. S’il fallait que j’émette une seule critique à l’égard du film, je dirais que les séquences avec les jeunes gens sont formidablement construites, mais que, par contraste, celles consacrées aux adultes apparaissent comme moins intenses. Par ailleurs, je pense qu’il faut souligner le formidable travail d’interprétation réalisé par l’actrice du rôle principal.
Urayama : Il s’agit de la comédienne Sayuri Yoshinaga. Je lui transmettrai votre remarque. Je voudrais vous poser une question, M. Truffaut. Nous autres cinéastes, nous pouvons dire que ce que nous dépeignons est profondément enraciné dans ce que nous avons vécu pendant l’enfance. En ce qui me concerne, cette période de ma vie correspond aux dernières années de la guerre et au moment des bombardements atomiques. J’avais tout juste 15 ans, et il m’est impossible de faire abstraction de ce que j’ai ressenti à cette époque. Je pense que les jeunes réalisateurs japonais d’aujourd’hui partagent tous ce même type de souvenir obsédant ancré dans leur enfance. Qu’en est-il en France ?
Truffaut : J’ai pratiquement le même âge que vous, et moi aussi, dans mon premier film Les Quatre cent coups, j’ai fait appel à une réalité passée qui est toujours vivante en moi. J’ai essayé de restituer de façon moderne mes souvenirs du temps de l’Occupation et de la Libération en France.
Urayama :Est-ce que cela vous arrive de voir des films japonais ?
Truffaut : Je vais voir les films qui sortent en salles à Paris, et puis tous ceux qui passent dans les festivals internationaux.
Urayama :Quels films réalisés par Akira Kurosawa connaissez-vous ?
Truffaut :Vivreest le film que je préfère. Et puis, j’ai aussi vu Chien enragéet Les Sept samouraïs. Ce qui me surprend le plus chez Kurosawa, c’est que ses films sont complètement différents les uns par rapport aux autres. Il a d’ailleurs certainement dû en réaliser un nombre considérable, mais moi je n’en ai vu que trois.
Urayama :Quelles différences voyez-vous entre les films de Kurosawa et les miens, nous qui faisons tous deux des films japonais ?
Truffaut :Vos films et ceux de Kurosawa sont très différents. Par contre, je pense qu’il y a de nombreux points communs entre vos réalisations et les miennes, et personnellement je me sens très concerné par ce que vous faites. J’ai regardé avec beaucoup d’intérêt un autre film japonais: Passions juvéniles, du cinéaste Kô Nakahira. Ce film abordait lui aussi la question des jeunes générations, et sa diffusion ici en France a été un véritable succès.
Urayama : Quels points communs voyez-vous entre vos films et les miens ?
Truffaut :Je pense qu’il y en a de nombreux. Par exemple, la question de l’errance. C’est quelque chose de très présent dans mon premier film Les Quatre cent coups. Et je trouve cela très intéressant de constater que de jeunes réalisateurs de pays différents en viennent à aborder les mêmes sujets de façon complètement indépendante, et cela sans même s’en rendre compte.
Urayama : Depuis votre position de cinéaste français, quel genre de films attendez-vous du cinéma japonais ?
Truffaut :Avant d’être français ou japonais, je pense que nous partageons tous le fait d’être des hommes de cinéma. C’est pour cela que je n’attends rien du cinéma japonais en tant que tel. Par exemple, lorsque je vous parle, j’éprouve la même chose que si je parlais avec un cinéaste français. Nous appartenons à la même famille. Alors bien sûr, le cinéma, qu’il soit japonais, américain ou anglais, est propre à son pays d’origine. Mais ce que j’en attends, moi, du cinéma, ce sont tout simplement de bons films.