Moonwalk One
Un film de Theo Kamecke
États-Unis - 1970 - 1h48 / Couleur - image : 1:37 - son : mono
Sortie en salles : 30 juillet 2014
BONUS :
- Livret couleur 20 pages (la genèse du film, le tournage, des anecdotes sur l'événement...).
USA - 1970 - documentaire - couleur/noir et blanc
Durée du film : 1h48
Format image : 4/3 - 1.37
Format son : mono - 5.1
Film en version originale anglaise avec ou sans sous-titres français
Réalisé en 1969, Moonwalk One capte la première expédition de l’Homme sur la Lune lors de la mission Apollo 11. Véritable documentaire de création, le film permet de découvrir des décennies plus tard des images tournées grâce au matériel de la N.A.S.A. et à ce jour jamais montrées. Mêlant séquences d’archives et moments captés dans le vif de l’action, Theo Kamecke donne à voir cet événement tel qu’il a été vécu à l’époque : une aventure humaine incroyable, une épopée scientifique hallucinante.
Mais aussi une plongée dans l’inconnu, avec ce qu’elle offre de possibilités de changements, et de responsabilités.
À propos du film
En 1969, un Américain planta un drapeau rouge, blanc et bleu sur la Lune ; un drapeau rigide, bien sûr, car un drapeau souple ne saurait flotter au vent dans l’atmosphère inerte de la Lune.
Aussi invraisemblable que paraisse cette virée de trois hommes à 340 000 km de la Terre pendant trois jours – le tout aux frais de la princesse et caméras à l’appui pour prouver au monde entier la véracité de la chose (un Noir Américain de 106 ans invité sur l’un des observatoires du lancement ne put se résoudre à y croire) – les faits sont là : la marche sur la Lune a été immortalisée, il reste une trace, hommage et souvenir d’un événement qui illustre la métaphore de Buckminster Fuller selon laquelle la Terre est un “nid pour l’Homme”.
Cette trace, c’est Moonwalk One, de Theo Kamecke. Un film qui, malgré un sujet unique en son genre, n’a pas échappé à la cohorte habituelle de faux départs, de problèmes de budget et de conception. L’idée germa en 1968 à la veille du lancement d’Apollo 8, quand Francis Thompson Inc. présenta le traitement d’un long documentaire à gros budget à la MGM. Ce projet prévoyait une reconstitution intégrale de la marche sur la Lune en studio, car alors, personne n’espérait pouvoir obtenir des images de bonne qualité depuis la Lune.
Le projet définitif fut enterré par la MGM pour diverses raisons, notamment budgétaires. Time-Life Inc. essaya ensuite de vendre l’idée, sans succès. Mais la NASA, qui avait donné sa bénédiction et l’assurance de sa collaboration au film depuis le tout début, vint à la rescousse peu de temps avant le lancement d’Apollo 11. Et si un budget à plusieurs millions fut exclu d’office, l’Agence spatiale américaine, désireuse de voir se faire un bon documentaire, accepta de financer un film d’une heure en revoyant considérablement les dépenses (ce n’est que plus tard qu’une durée de 90 minutes fut autorisée). C’est le réalisateur indépendant Theo Kamecke, convié à ce stade par Francis Thomson Inc., qui a écrit le scénario définitif avec Bill Johnnes (impliqué depuis les origines du projet) et tourné Moonwalk One.
Comme pour tout documentaire, l’une des principales difficultés a été d’ordre conceptuel. Kamecke souhaitait laisser l’événement parler de lui-même ; il considérait devoir s’effacer presque totalement, n’être qu’une boîte d’enregistrement, pour la postérité et pour la NASA qui, à ce moment-là, cherchait à éveiller l’intérêt du public pour le programme spatial. Kamecke souhaitait faire un film où “l’aspect technique ne fasse pas d’ombre à la simplicité de l’idée-même”, un film qui plaise aux quidams ordinaires comme aux intellectuels. Il souhaitait réaliser un objet simple en lui conférant “une structure de conte… [avec] un début, un milieu et une fin. On sait ce qu’il va arriver, mais on veut que cela arrive dans cet ordre bien établi”. Surtout, Kamecke voulait éviter de faire un “film à la new-yorkaise”, enflé du cynisme, de la pédanterie et de l’intellectualisme propres au genre.
Mais s’il savait que la NASA n’était pas prête à financer “La Marche sur la Lune selon Kamecke” (si tant est qu’il eût souhaité exprimer sa vision personnelle), il avait conscience qu’il devait introduire une part de lui dans le documentaire, à moins d’en faire un simple reportage ou film technique. Il fallait mettre en perspective, mettre en relation la mission spatiale et l’évolution de l’humanité, montrer qu’Apollo 11 était le prolongement de la curiosité des hommes, de leur soif d’ailleurs, de leurs questionnements sur la nature de l’univers, et de leurs instincts moins avouables.
“Les détails (techniques) étaient fascinants. Mais l’histoire était-elle là ? Est-ce qu’on a besoin de savoir en détail comment Siegfried s’est perdu dans la forêt, ou comment les Argonautes ont colmaté une brèche dans leur navire pendant qu’ils recherchaient la Toison d’or ? C’est bien, que les spectateurs se fassent une idée de la complexité technique de l’événement, mais je ne voulais pas que cela desserve la simplicité biblique de l’histoire. J’ai voulu faire une sorte d’épopée intemporelle qui s’adresse aux tripes, pas à la tête.” THEO KAMECKE
Après avoir rencontré les techniciens [de la NASA], Kamecke a vite renoncé à l’idée de les interviewer : il avait en face de lui des Américains moyens compétents, à l’aise et étonnamment pragmatiques dans leur travail. Même chose pour les astronautes, dont le réalisateur voulait recueillir “leurs impressions sur le vol spatial, sur la sensation d’apesanteur et sur la mission en général”. Or les astronautes se sont avérés très peu diserts, et l’un d’eux, Neil Armstrong, a même estimé plus prudent de réserver l’exclusivité de cette histoire à des fins plus lucratives. Plutôt que des entretiens filmés, le réalisateur a donc utilisé les véritables dialogues entre les astronautes et Houston, créant une immédiateté, une impression “d’y être” qui est l’un des plus grands ravissements du documentaire.
Face à l’ambiance aseptisée, stérilisée, de tout ce qui a trait à la mission spatiale proprement dite, la masse humaine venue assister au lancement d’Apollo présente un fort contraste : Cap Canaveral est cerné de bars, de discothèques, de drive-in (où se vendent à la pelle des “astro-burgers”) et de terrains de camping. C’est quasiment une ville de campeurs où s’alignent à l’infini les cordes à linge avec, au loin, la fusée Saturn, immense et fumante. Pour cette partie, Kamecke a lâché le style direct et austère appliqué à l’aspect technique de la mission pour adopter une approche documentaire plus libre, façon “à la volée”.