Hair High
Un film de Bill Plympton
Etats-Unis - 2004 - Couleur - 75 min. Avec les voix de David Carradine, Beverly d'Angelo, Keith Carradine et Matt Groening.
Sortie en salles : 20 mai 2005
Entretien avec Bill Plympton, bandes-annonces des autres films de Plympton.
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universcine.comRod le quaterback et Cherrie la pin-up forment Le couple que tous aiment, craignent et admirent au lycée d’Echo Lake.
Lorsque Spud le nouveau, timide et maladroit tente de s’attirer la sympathie de ses camarades il commet l’irréparable et provoque la colère de Rod.
Il devient alors l’esclave de Cherrie et devra satisfaire ses moindres désirs.
Ils se détestent aussitôt.
Mais Cherrie restera-t-elle si insensible que le croît Rod et Spud se laissera-t-il éternellement faire sans rien dire ?
La presse
Libération : Avec ses traits aspirés par des bouches d’aération invisibles et ses couleurs tranchées, Hair High est un film à deux cents battements par minute, un souffle dans une Amérique d’illusions, d’Happy Days sur sièges en moleskine.
Le Monde : Hair High fait exploser dans toutes les directions un feu d’artifice d’idées plus ou moins trash. Poulet givré atteint de priapisme sur la pelouse d’un terrain de base-ball, baiser si langoureux qu’il provoque une psychédélique fusion linguale, parodie de film fantastique : des images qui décoiffent et renvoient à des terreurs intimes ou à des expressions populaires.
Télérama : Conte capillaire où les garçons jouent à qui aura la plus longue (banane) et les filles, la choucroute la plus vertigineuse, Hair High offrira aux profanes un accès plus doux au monde absurde et gore de Bill, mais les accros y trouveront leur compte. Même trempé dans le romantisme, le crayon de Plympton reste follement subversif. TELERAMA
Première*** : Mélange probant de cinéma art et essai et de cinéma populaire, Hair High s’engouffre dans la brèche de l’animation japonaise et ouvre au résistant Plympton des perspectives gigantesques.
Studio **** : Hair High est le meilleur film de Plympton, pour ne pas dire son chef-d’oeuvre. Superbe et drôle, le film est empreint d’une tendresse inattendue chez l’auteur, ce qui rend ce dessin animé et ses personnages très attachants.
CinéLive*** : Le film le plus abouti de Plympton, qui s’éloigne de ses délires le temps d’une love-story follement 50’s, au graphisme étonnant.
Les Inrockuptibles : Bill Plympton rafle la mise avec son nouveau film, Hair High, dont la causticité n’a d’égale que la vivacité. Doté d’une bande-son pétaradante, le film donne au teenage-movie des 50’s une vision romantico-horrifique, roulant et balançant entre bouffées de nostalgie sincère et juteuses saillies de mauvais esprit.
Score : Bill Plympton, qui revient avec une oeuvre plus maîtrisée, mais tout aussi extravagante, enrichit enfin son univers et touche le coeur du public.
Rolling Stone : Attention, dessin animé à teneur hautement corrosive… Bill Plympton est le plus délirant cartooniste de tous les temps.
Le Point : Plympton s’amuse à parodier les films de collège qui, depuis l’âge d’or hollywoodien, multiplient clichés et images d’Epinal. Irrévérencieux, dérangeant et… délicieux.
Mad Movies : Hair High a quelque chose de l’œuvre de la maturité. Une hausse qualitative d’autant plus bienvenue, qu’elle ne rogne en rien sur la spontanéité de l’animation du bonhomme. On savait ses caricatures capables de choquer, de fasciner, de faire rire et d’étonner, mais on ignorait encore qu’elles étaient capables d’émouvoir.
TéléK7dvd : Les films de Bill Plympton sont une bouffée d’air frais, insolent et drôle. Elle : Bill Plympton a écrit, réalisé et produit un bijou de film d’animation, sacrilège, drôle et surréaliste, son meilleur en treize ans de ” plymptoons “
L’Express*** : Drôle. Très drôle. Très très drôle. Et grinçant, méchant, émouvant, surprenant.
Figaroscope : Bill Plympton persiste et signe avec ne nouveau long métrage d’animation dessiné par ses soins. Audace du trait et de la satire, imagination délirante mais furieusement scabreuse. Hair High très années 50, se balade entre Carrie au bal du diable, American Graffiti et a Fureur de vivre. Pour adultes consentants uniquement…
L’Humanité : Plympton ou le dernier cinéaste d’animation subversif.
Zurban : Un imaginaire débridé et un humour trash transcendés par un graphisme aux lignes exagérément expressives mais ou des êtres sont prêts à se noyer ensemble par amour… Savoureux.
Métro : Bill Plympton, le roi de l’animation déjantée, sort cette semaine Hair High, un long métrage mêlant sexe, fantastique et nostalgie sixties. Une petite merveille qui ne respecte aucune convention.
Le Canard enchaîné : Ce dessin animé psychédélique de l’Américain Bill Plympton est délirant à souhait : c’est comme si l’univers d’ ” American Graffiti ” était croqué par un dessinateur sous acide !
Pariscope : Ses films précédents ne le laissaient pas franchement deviner : Bill Plympton est un grand romantique ! En témoigne cette histoire d’amour, mix d’une comédie pour teenagers, d’une tragédie shakespearienne et de ” Carrie “. Un mélange détonant, au dessin léché, où le réalisateur iconoclaste traite ses souvenirs de campus avec ironie, irrespect et nostalgie. Arte
Le Journal de la culture : Le rythme d’un Tex Avery, l’acuité de regard d’un Marcel Gotlib, l’humour très noir d’un Claude Serre, la perspective graphique d’un François Boucq semblent avoir fusionné dans les crayons du seul Bill Plympton et précisément pour ” Hair High “, son meilleur film d’animation à ce jour.
Interview
Comment vous est venue l’idée de Hair High ?
L’idée vient d’un rêve que j’ai fait. Je n’utilise généralement pas mes rêves pour mes films, mais ce rêve était si irrésistible et fascinant que j’ai pensé que je devais essayer d’en faire un film. Il y avais une voiture au fond d’un lac et deux squelettes dans cette voiture. Leur peau se détériorait , partait en lambeau, des animaux sortaient et entraient de leur crâne, leur cheveux se balançaient dans le courant, des poissons nageaient autour. Puis tout à coup, les lumières s’allumaient. Puis la main du squelette s’empare du levier de vitesse et la voiture se met lentement en marche. La voiture roule au fond du lac jusqu’à la rive. La voiture traverse une petite ville américaine, passe devant le bar , le bowling, le drive-in et enfin le collège qui célèbre la bal de la prom… C’est là que je me suis réveillé !
J’ai alors commencé à jouer avec ces idées , à essayer d’imaginer comment ce couple s’était retrouvé au fond du lac, ce qui se passerait lorsqu’ils arriveraient au bal. Pendant un an j’ai posé des idées, en m’imprégnant d’histoires de collège, de la musique et de l’ambiance de la fin des 50’, début des 60’, de quelque chose de très romantique où l’amour est plus fort que la mort. Une chanson m’est revenue, une chanson typique des années 50, ‘Teen Angel’ où il est question d’un couple en voiture coincé sur une voie ferrée. Le garçon sort sa fiancée de la voiture, mais celle-ci se rend compte qu’elle a oublié sa bague dans la voiture, elle y retourne et est tuée par le train. C’est cette esprit très romantique que j’ai voulu mettre dans ce film.
– A la lecture du synopsis, il semblait que l’histoire commençait là où maintenant en fait elle finit. Que la découverte de la voiture au fond du lac était le début du film quand maintenant c’est la fin. Pourquoi ce changement ?
Tout d’abord, dessiner des squelettes est très difficile, à cause des ombres, des lumières. Si le film avait débuté comme cela, je serais encore en train de faire les dessins. Ce qui m’intéressait dans le film c’était plus la relation entre Cherri, Rod et Spud. Je voulais développer leur personnalité, pour que le spectateur soit vraiment touché par leur amour, ressente cet amour.
– Dans tous vos films il y le personnage du gentil qui combat les méchants qui ont le pouvoir, toujours cette métaphore. Vous sentez-vous proche de ce personnage ?
Il y a en effet beaucoup de moi dans Spud. Je conduisais le même scooter que lui, je n’étais pas le garçon le plus populaire du collège, j’étais l’artiste. L’artiste était quelqu’un d’insignifiant comparé à l’athlète. Spud est le nouveau du collège et il essaie de s’adapter aux règles du collège. Je n’étais pas si seul, j’avais des amis, j’étais plutôt le type de gars entre les deux.
– D’une certaine façon, on peut y voir une illustration de votre situation de cinéaste indépendant qui travaillez en dehors des grands studios. C’est une situation unique, vous êtes le seul à travailler et à faire des films comme vous le faites, face à la grosse industrie, et il en va de même dans vos autres films.
C’est un parallèle intéressant, si on prend le collège comme image de l’industrie du cinéma, en effet, je serais le petit nouveau. Mais j’adorerais bosser pour Disney ou Dreamworks, qu’ils me donnent un million de dollars pour faire un film, mais je crois qu’ils ont peur de mes idées folles, de mes idées très sexuelles, ils doivent penser que je suis un pervers. Je voudrais aussi dire que j’ai été très influencé par la culture française du 17 è siècle, Marie-Antoinette, Louis XIV , Mme de Pompadour, toutes leurs coiffures très baroques , très décoratives, j’ai beaucoup adapté ce mode de vie au milieu du collège américain des années 50. Rod et Cherri sont le roi et la reine et ils ont un pouvoir absolu, ils contrôlent le principal et les professeurs.Cherri a une véritable cour de jeunes filles, arborant toutes des coiffures insensées.
-Etait-ce une expérience agréable de se replonger dans les années 50, dans cette mythologie américaine, dans vos souvenirs ?
Oui j’ai fait appel à pas mal de souvenirs, c’était assez plaisant. Le personnage de Mr Sneez vient d’un professeur que j’ai eu et qui crachait vraiment ses poumons de la même manière en classe. A cette époque, on pouvait fumer dans les classes. Quant il vomit ses organes, c’est un des moments qui marchent le mieux avec le public dans le film. Une autre histoire amusante est celle de la séquence où Zip prend un aphrodisiaque. J’avais un amis qui avait un haras, il donnait aux chevaux une sorte de drogue pour les tenir excités, un aphrodisiaque. Une fois, par erreur, ils en ont donné une double dose à un cheval. Il était dans un tel état qu’il a brisé sa barrière et s’est enfui. Ils l’on retrouvé en train de monter une Wolkskwagen. C’est une histoire vrai que j’ai repris pour la séquence du match.
-Le film est ouvertement moins sexuel que les précédent.
En effet j’ai mis moins de chose directement sexuelles mais tout est beaucoup plus sous-entendu. J’ai déjà eu un article où l’on me reproche qu’il y ait trop de sexe. Ils ont dis que j’étais un obsédé du pénis. Sûrement à cause de la scène du garage qui est une de mes préférées. Une vieille dame lors d’une projection à Annecy est venue me reprocher la violence du film. Elle m’a dit que j’allais être à l’origine d’un autre ‘Colombine’.
-Comment avez-vous travaillé sur la narration. Avez-vous volontairement changé votre façon de raconter une histoire ou est-ce venu naturellement ?
C’était difficile. J’ai écrit deux ou trois versions du script que j’ai montrées à des amis cinéastes, à des amis scénaristes, et ils m’ont rendu des commentaires, des pages de commentaires. Nous avons travaillé sur les motivations des personnages, leur personnalité. Nous avons changé la fin par rapport à la bande dessiné. Je pense que montrer des prémontages à un public et faire des changements est un processus important. Faire un long métrage est un tel mélange de personnalités qui travaillent ensemble, c’est très compliqué. C’est très difficile pour moi de voir comment fonctionne les personnages et l’humour sans le montrer à un public. Je l’ai montré à des amis, à des work in progress screenings, à plusieurs festivals et j’ai écouté les commentaires, les remarques. Je n’ai pas essayé de faire quelque chose de différent, ce n’est pas un film si différent des autres. Je me suis dit que c’était une histoire intéressante, une histoire que je n’avais jamais racontée. J’aime les films d’horreur, je voulais faire quelque chose avec une narration avec plus de mythologie , plus gothique ( a more mythological, gothic kind of storytelling), et aussi aller faire un tour dans mes souvenirs de jeunesse au lycée et ramener ces histoires.
-Pourquoi avoir choisi des acteurs connus pour faire les voix ?
Je déjeunais avec Martha Plimpton qui est une parente, et qui est assez connue aux Etats-Unis, elle joue dans des films indépendants , elle connaît beaucoup de monde, et je lui disais le mal que j’avais à trouver un distributeur pour les Etats-Unis, du fait qu’il n’y a pas de noms importants dans mes films. Elle m’a alors proposé de passer quelques coups de téléphone pour moi et de voir ce que l’on pourrait en tirer. Elle a appelé des amis et leur à fait la proposition de faire des voix pour moi et ils furent tous très enthousiastes. Ils font tous partis du syndicat des acteurs et doivent donc se faire payer un minimum (1.000 dollars par voix), et ils prirent donc le minimum. On a du signer des contrats énormes, on a brassé beaucoup de papier , mais je pense que c’était très important pour le film et pour moi: il y a David Carradine qui fume énormément et dont la voix était parfaite pour Mr Sneeze, Keith Carradine, Berverly d’Angelo et bien sûr Matt Groening (Les Simpsons) qui ne fait jamais de voix. Matt Perry (Friends) voulait aussi y participer , ils était très excité par le projet mais la veille de notre rencontre, son agent lui a dit qu’il ne fallait pas le faire, que c’était un trop petit film…) et on a du prendre quelqu’un d’autre. Ils ont été très bien, pas de problème d’égo, ils sont venus simplement sans leur agent. Ca a été très différent d’avec des acteurs non professionnels. Je n’ai pas eu à les diriger, ils sont venus avec leur idées, leur caractère, ils ont enregistrés les voix et voilà.
-Le referez-vous?
Je ne sais pas. Nous verrons si ça marche, ce film a coûté très cher, c’est mon film le plus cher. Sans compter mon travail, car je ne me paie pas, le film a coûté 400.000 dollars, c’est le double de mon budget habituel.Dans mon prochain film, je veux réduire le budget de moitié et travailler plus lentement, être plus attentif aux dépenses.
-Retournerez-vous à vos anciennes méthodes ou ferez-vous les choses différemment?
Je ferais les couleurs par ordinateur, et un more graphic style drawing, je ferais les ombres au crayon. Je scannerais les dessins et ensuite j’appliquerai les couleurs par ordinateur. Ca ira plus vite, je n’aurai pas en engager de coloristes, de cameraman, et ainsi je devrais réduire le budget et faire un film plus souple. On peut avoir de belles couleurs avec les ordinateurs.
-Avec les ordinateurs, peut-on avoir la même palette de couleurs, le même texture, la même qualité ?
Oui on peut avoir de très belles nuances de couleur, c’est plus difficile au niveau des textures, mais mes dessins auront de la matière. Je veux toujours essayé des choses nouvelles donc ce sera nouveau et on verra.
-Sur ‘Hair High’, vous avez travaillé comme sur vos autres films ?
Oui, tout à fait à part pour le casting. La couleur a été une fois encore faite à partir de copies de mes dessins sur des cell(uloides), ils sont peints au dos, puis on filme en 35mm. Une autre chose que j’ai faite différemment, j’ai engagé des étudiants en arts pour peindre les décors (back grounds). En général je peints moi-même les fonds, mais j’ai pensé qu’ainsi je gagnerai du temps et avoir de plus belles couleur en prenant des illustrateurs. Et j’en suis très content. Il y a moins d’ombre sur les personnages, les couleurs sont plus plates, ça donne un côté très 50’s. Je pense que c’est le meilleur film que j’ai fait. C’est le plus abouti au niveau de mon style, c’est la meilleure histoire que j’ai écrite, la musique est extra, les acteurs ont été parfaits et il reste plein d’idées dingues, un humour très ‘plymptonien’, tordu, bizarre, surréaliste, avec un peu de romantisme. C’est le premier film que j’ai fait où il y ait autant de sentiments. La scène où la voiture sombre, Cherri lui rend sa bague, lui dit tu es libre d’en épouser une autre et Spud choisit de la suivre dans la mort par amour. C’est très mélodramatique, c’est ce que permet le cartoon. Croyez le ou pas, j’ai versé une larme en voyant la scène.
-Combien de temps cela vous a-t-il pris pour faire ce film ?
Cela m’a pris un an pour écrire l’histoire, cela inclus le story-board et la bande dessiné. Un an pour le dessiner, environ 100 dessins par jour, et ensuite neuf mois pour la post production, le laboratoire, le son. Et pour la première fois en animation et je crois au cinéma, on a pu suivre toute la fabrication du film sur internet. J’avais fixé une petite caméra au dessus de ma table à dessins, reliée à l’ordinateur, et huit heures par jour on me voyait dessiner. C’est intéressant parce que beaucoup de gens pensent qu’en animation les ordinateurs font tout le travail, ils ne pensent pas que des gens font les dessins à la main. Des gens à l’autre bout du monde me demandaient par e-mail de leur écrire un mot en direct ou de leur faire signe, et ainsi je pouvais communiquer avec eux. J’ai été influencé par ces sites internet où des femmes se déshabillent, se rhabillent, font leur vie en direct, ça marche très fort. Je me suis dit que ça pouvait marcher aussi pour moi, même si la seule chose nue était ma main, ce n’était pas aussi sexy que les filles j’en ai peur. Je le referai pour mon prochain long-métrage parce que ça a très bien marché, mais pas pour les courts métrages que je fais en une ou deux semaines et où on n’a pas le temps de créer un public.
-Vous nous avez parlé d’un livre que vous écrivez ?
Ca s’appelle’ Sky High’, c’est un roman qui se passe lors d’un vol entre New-York et Paris où un type passe de la drogue dissimulée dans son estomac. Durant le vol la drogue commence à se répandre et il se met à avoir des hallucinations, à voir des trucs bizarres. Il y aura une illustration toutes les 10 pages pour que les gens continuent à voir mes dessins. Ce sera fini cet été et qui sait combien de temps il faudra pour le publier. Je dois juste le réécrire et l’envoyer à mon agent. J’ai un autre projet de long-métrage mais c’est très vague, je dois d’abord faire remonter de l’argent sur Hair High, et je pourrais me remettre au travail. Je réutiliserai bien des acteurs connu pour les voix, ils ont vraiment appréciés le travail.