Dead but not Buried
Un film de Phil Mulloy
Angleterre - 80 min - 2011 - couleur
Sortie en salles : 1 janvier 2011
Grand Prix au Festival International du Film d’Animation d’Ottawa 2011
Dans cette 2e partie de la trilogie consacrée à la famille Christie, vous apprendrez pourquoi le corps de M. Christie a été volé et qui l’a volé. Vous découvrirez également la véritable identité de M. Yakamoto : un brillant créateur de bandes dessinées, un scientifique génial ou un dangereux psychopathe ? Il est en tout cas bien déterminé à ramener M. Christie à la vie, persuadé que ce dernier détient le secret de la vie éternelle. Pendant ce temps, plusieurs personnes tentent de se faire passer pour des proches parents de M. Christie afin d’hériter de sa collection de bons Tesco. Aurait-elle plus de valeur qu’on ne le croie ? Quant à la chère Mme Christie, elle est décidée à retrouver le corps de son mari.
Leur quête les conduira tous en Islande, au Pays de Ceux qui sont morts mais pas enterrés, dans les tréfonds des tunnels creusés par la lave, là où la confiance n’a aucune valeur, là où personne n’est votre ami. Mais le voyage n’en est que plus excitant.
Interview de Phil Mulloy
Pourquoi avoir changé d’esthétique dans vos films sur les Christies ?
The Christies, Goodbye, Mister Christie et Dead but not Buried ont été entièrement réalisés sur ordinateur. Il y a très peu de dessins dans ces films. Ça fait un moment que je m’intéresse à l’usage de la répétition. L’ordinateur est très pratique pour ça puisque c’est une fonction mécanique. La répétition est exacte et précise. Auparavant, dans mon travail, je réutilisais des symboles et des mouvements, mais de manière floue et moins maîtrisée. Maintenant, je travaille avec une machine. Répétition et mouvement, l’essence même du cinéma.
Il me semblait que travailler avec un ordinateur me demanderait un investissement personnel bien moindre au niveau de la création des images. Je voulais le mettre au centre du processus de création. Pour être précis, j’ai passé moins d’une heure à créer (dessiner) les figures des personnages. Au total, j’ai à peu près 120 images différentes et c’est tout. Il y a 12 personnages et chacun à 10 images différentes : 5 de face et 5 de profil ; les mouvements des lèvres correspondent à la prononciation des 5 voyelles a, e, i, o, u. C’est ça la base du film, 120 images. Actuellement, je tourne le quatrième film qui utilise ces images. Ce sont les mêmes, elles n’ont pas changé. J’utilise seulement la fonction copier-coller de l’ordinateur. Tout n’est que copier-coller.
Pourquoi avoir choisi le long-métrage pour raconter les aventures des Christies ?
Contrairement à mon travail précédent, les Christies sont des films qui reposent essentiellement sur des personnages. Développer ces personnages et l’univers dans lequel ils existent nécessite de travailler sur un format plus long. Je voulais aussi donner au spectateur le temps de créer l’espace dans lequel évolue les personnages. D’abord, ils apprivoisent le langage du film. Ensuite, ils se l’approprient pour créer leur propre univers. Ça prend du temps. Le long-métrage semblait plus adapté à ça. J’étais aussi intéressé par une certaine idée de grandeur. La simplicité devient grandiose. Quelque chose d’immense qui vient de quelque chose de petit. La durée compte pour atteindre ce but.
Les Christies est une trilogie avec un prequel. Pourquoi ce choix ?
J’ai commencé mon travail sur les Christies avec un film de 3 minutes. Puis je me suis vraiment intéressé aux personnages et les 3 minutes se sont étendues à une série de 80 minutes. J’ai ensuite voulu leur consacrer un seul long-métrage et encore après c’est devenu une trilogie. Ce ne sont pas seulement les personnages qui m’intéressent cependant. C’est aussi le plaisir d’inventer un langage pour raconter leur histoire, ce plaisir puéril de manipuler la forme filmique.
La série m’a servi à inventer des façons différentes d’utiliser les 120 figures qui constituent la base du film. Je voulais expérimenter, voir ce qui était possible, et aussi comprendre qui étaient ces « personnes ». Tous les personnages sont des voix mécaniques téléchargées sur internet. Ils existaient avant le film. Je devais apprendre à les connaître.
Vous avez dit avoir abandonné le long-métrage en prises de vue réelles pour faire des films d’animation parce que vous n’aimiez pas écrire des scénarios, des dialogues… Il y a pourtant beaucoup de dialogues dans la série sur les Christies.
Quand j’ai dit que je n’aimais pas écrire, c’était dans le sens où je ne veux pas faire un film pour simplement illustrer des mots. Ce n’est pas le cas pour les Christies. Je ne sais jamais où va me mener un film sur les Christies. Pour moi, c’est comme un voyage : j’écris le film et je le réalise au fur et à mesure en parallèle. C’est ce qui m’intéresse dans le processus. Ça donne de la spontanéité au film et moi ça me donne un sentiment d’aventure. Au départ, j’ai une idée approximative de ce que je veux faire, puis les choses changent, je fais des erreurs, j’atteins des impasses. Le film tient autant au processus de découverte qu’à autre chose.
5) Comment le film a-t-il été reçu dans les autres pays ?
La grande différence avec mes précédents films, ce sont les dialogues. Avant, mes courts-métrages n’en contenaient pratiquement pas. Mais le film a été bien reçu dans les pays non anglophones, même si l’expérience doit être différente pour les spectateurs.
6) Quels sont vos projets en dehors des Christies ?
Il y a un court-métrage que j’aimerais faire. C’est l’histoire d’un policier qui se conduit mal, une sorte de Keystone Cop des temps modernes. Ce sera dessiné à la main et ça se passera dans les rues de Londres.
Biographie de Phil Mulloy
Né à Wallasey, dans le Cheshire, Phil Mulloy étudie la peinture au Ravensbourne Art College dans le sud de Londres. Il se tourne vers la fiction et la télévision après avoir réalisé un court-métrage d’animation grâce auquel il est admis au Royal College of Art. Diplômé en 1971, Mulloy travaille comme scénariste et réalisateur jusqu’à la fin des années 80, notamment avec Keith Griffiths, producteur des frères Quay et de Patrick Keiller. Puis il part vivre au Pays de Galles, dans une étable réaménagée, non loin de Carmarthen, et se consacre à plein temps à l’animation. La force et l’intensité de l’imagerie de Phil Mulloy ne fait pas seulement de l’animation une forme d’expression unique, elle révèle son auteur comme critique perspicace de l’inégalité, de l’hypocrisie et du conflit sous-jacent de la vie contemporaine.
En 1992, Mulloy réalise une série de courts-métrages, Les Cowboys, qui met en scène des cowboys bien loin du far west glamour d’Hollywood. Entre 1993 et 1996, il s’atèle aux 10 Commandements bibliques qu’il se réapproprie à travers une nouvelle série avec ce même ton sarcastique, mais jamais cynique, qui est le sien. Auteur de nombreux courts-métrages, une partie de ses films ont été réunis dans Mondo Mulloy.
Au début des années 2000, Phil Mulloy réalise la trilogie Intolérance qui comme ses œuvres précédentes connaît un véritable succès dans les festivals.
L’enfant terrible de l’animation poursuit son approche singulière de l’animation avec la création de la famille Christie à qui il consacre une série de courts-métrages, puis une trilogie de long-métrage pour la première fois. Avec ce nouveau projet, il invente à la fois un nouvel univers esthétique grâce à l’usage quasi exclusif de l’ordinateur, mais renforce aussi sa volonté de travailler en totale autonomie financière et artistique. Le premier volet de la trilogie, Goodbye, Mister Christie, gagne le Grand Prix du long-métrage au Festival International du Film d’Animation d’Ottawa en 2010 ; le 2e , Dead but Not Buried, remporte la même récompense en 2011. Le 3e volet est en préparation.